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En Suisse, de nombreuses lois et ordonnances régissent les droits et devoirs des apprentis et leurs lieux d’accueil. Elles couvrent différents aspects. Par exemple, ce qui relève du contrat d’apprentissage est traité dans le Codes des obligations (art. 344 à 346a). En ce qui concerne la santé, certaines dispositions concerne toute personne employée, alors que d’autres peuvent concerner les apprentis en particulier. 

Selon la Loi du travail (LTr, art. 29 à 32), et le Code des obligations (CO, art. 328), il est du devoir de l’employeur de protéger la santé des jeunes qui suivent une formation professionnelle dans leur entreprise. Cela inclut non seulement les notions de sécurité et d’intégrité corporelle, mais fait référence aussi au devoir éducatif du maître d’apprentissage. Ainsi, la loi stipule clairement que l’employeur a le devoir de signaler au responsable légal tout jeune en situation de risque (LTr, art. 32, al.1). En outre, comme pour tout employé, un apprenti n’a pas le droit de travailler sous l’emprise de l’alcool ou de toute autre substance enivrante, afin de ne pas mettre soi-même ou les autres en danger (Ordonnance sur la prévention des accidents et des maladies professionnelles, art. 11 al.3).

Parler avec un apprenti d’une situation problématique est rarement facile. Pourtant, l’objectif reste d’aider le jeune à comprendre ce qui ne va pas dans son comportement professionnel, à s’améliorer et à trouver du soutien. Le responsable d’apprentissage n’a pas à devenir spécialiste des conduites addictives : il s’agit de rester dans son rôle et d’analyser la situation professionnelle avec le jeune concerné. Si un problème de consommation apparaît, il faut alors orienter vers un médecin ou un service spécialisé. 

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Lorsqu’un apprenti développe une conduite addictive, son comportement personnel et professionnel évolue progressivement. Ce sont justement ces changements qui exigent une réaction de la part des adultes responsables. L’approche à adopter est d’ailleurs similaire à celle utilisée face à n’importe quel collaborateur ou collaboratrice dont les performances se détériorent.

Cependant, de nombreux changements professionnels peuvent aussi s’expliquer par d’autres facteurs propres à l’adolescence : préoccupations personnelles, difficultés relationnelles, chagrin d’amour. Ce sont des causes à prendre également au sérieux.

Les signes les plus fréquents d’un changement de comportement professionnel pouvant être liés à une conduite addictive sont :

• Manque de ponctualité
• Manque de motivation
• Augmentation des erreurs
• Baisse nette des performances professionnelles
• Nette chute des notes scolaires
• Courtes absences pour maladie
• Cours professionnels « séchés »
• Conflits interpersonnels
• Soucis d’argent

Cette liste n’est pas exhaustive et ne constitue en aucun cas une preuve que l’apprenti est concerné par une conduite addictive. Elle signale seulement, lorsque les observations se répètent, que le jeune rencontre peut-être un problème professionnel dont les causes méritent d’être explorées.

Pour la première fois, les adolescents passent la majeure partie de leur temps dans leur lieu d’apprentissage et de travail, entourés d’adultes qui ne font pas partie de leur cercle habituel. Cette nouvelle réalité représente à la fois des défis et des occasions d’échanges qui les aident à construire leur personnalité : prendre du recul, affronter des avis différents, faire des compromis ou chercher des solutions. 

En restant attentifs au quotidien, ouverts et disponibles, les responsables d’apprentissage peuvent repérer les situations difficiles, les aborder avec les jeunes et les aider à mieux les gérer à l’avenir. 

Progressivement, c’est en prenant les apprentis au sérieux, en les écoutant et en cherchant à les comprendre que se construit une relation de confiance. Or, cette confiance réciproque est essentielle pour prévenir les situations liées aux conduites addictives, car elle permet aux jeunes de se sentir suffisamment en sécurité pour partager leurs préoccupations s’ils en ressentent le besoin. 

Quand il s’agit de faire de la prévention des conduites addictives auprès d’un jeune public (ex. apprentis), le premier réflexe consiste à se limiter à transmettre des informations sur les dangers des substances. Or, connaitre des dangers souvent déjà connus n’a pas d’impact sur le changement de comportement. Pour être efficace, la prévention doit s’inscrire dans le quotidien de l’entreprise. On parle de « prévention structurelle » : conditions de travail protectrices, règlements internes clairs, formation du personnel encadrant, etc. 

De plus, avec le cas des apprentis, il est important de considérer l’ensemble de leur réalité : leurs préoccupations, leurs craintes et leurs besoins. C’est cette approche globale qui contribue réellement à leur santé.

Pour les jeunes, commencer une formation en entreprise signifie entrer dans une réalité nouvelle, très différente du cadre scolaire. Les journées sont plus exigeantes, les congés plus rares et les responsabilités plus grandes. L’encadrement devient plus distant, tandis que l’autonomie augmente. 

 Cette phase arrive au moment où la recherche d’identité et le désir d’indépendance sont forts. Les jeunes doivent gérer ces besoins tout en faisant face à l’incertitude : sauront-ils et sauront-elles relever ces défis ? Ces changements peuvent créer du doute quant au choix professionnel. 

S’y ajoutent les premiers salaires à gérer et l’accès à la majorité, qui renforcent leur statut d’adulte alors que beaucoup de repères changent. 

 L’entreprise doit donc accompagner des jeunes en pleine transition, en collaboration avec l’école professionnelle et les parents, pour favoriser à la fois l’apprentissage d’un métier et leur développement vers l’âge adulte.