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Vie privée / vie professionnelle

La question de la limite entre sphère privée et professionnelle est constamment présente lorsqu’on réfléchit à la relation entre une conduite addictive et le monde du travail. Si chaque personne est effectivement libre de ses choix de vie, en tant qu’employée elle se doit d’être apte à effectuer ses tâches lorsqu’elle se présente à son poste de travail (OPA Art. 11, al. 3).

Ainsi, dans le cas de l’alcool, une soirée très (trop) « arrosée » peut avoir des incidences sur la capacité de travail du lendemain. Quelqu’un qui aurait 1,6 pour mille dans le sang à minuit se réveillerait avec environ 1 pour mille à 6 h du matin : gueule de bois, taux d’alcool résiduel, manque de sommeil peuvent augmenter le temps de réaction, diminuer la concentration, provoquer une mauvaise coordination de gestes et entraîner une prise de décision inadéquate ou risquée. Par extension, la prise d’autres substances telles que le cannabis, ou certains médicaments peut également impacter la capacité à travailler. De son côté, la pratique de jeux de hasard et d’argent, si elle empêche la personne d’être fonctionnelle avec son projet de vie et ses relations sociales, peut également avoir un impact sur le contexte professionnel et le travail fourni (ex. stress et anxiété causés par des pertes financières).

 

Section apprentissage

Pour les jeunes, commencer une formation en entreprise signifie entrer dans une réalité nouvelle, très différente du cadre scolaire. Les journées sont plus exigeantes, les congés plus rares et les responsabilités plus grandes. L’encadrement devient plus distant, tandis que l’autonomie augmente. 

 Cette phase arrive au moment où la recherche d’identité et le désir d’indépendance sont forts. Les jeunes doivent gérer ces besoins tout en faisant face à l’incertitude : sauront-ils et sauront-elles relever ces défis ? Ces changements peuvent créer du doute quant au choix professionnel. 

S’y ajoutent les premiers salaires à gérer et l’accès à la majorité, qui renforcent leur statut d’adulte alors que beaucoup de repères changent. 

 L’entreprise doit donc accompagner des jeunes en pleine transition, en collaboration avec l’école professionnelle et les parents, pour favoriser à la fois l’apprentissage d’un métier et leur développement vers l’âge adulte. 

Conséquences négatives pour l'entreprise

Selon différents facteurs (conduite addictive en question, facteurs individuels ou environnementaux), les compétences professionnelles d’une personne peuvent parfois diminuer. Voici une liste non-exhaustive des conséquences possibles pouvant se produire sur le lieu de travail, si un ensemble de mesures n’est pas pris pour prévenir et gérer certaines situations :

  • Dommages pour la santé
  • Augmentation de l’absentéisme
  • Dégradation des relations entre collègues
  • Ambiance de travail morose
  • Détérioration de la qualité du travail
  • Baisse de la productivité
  • Baisse des initiatives personnelles
  • Attention diminuée
  • Augmentation du nombre d’incidents et/ou d’accidents
  • Multiplication des problèmes entraînant des sanctions disciplinaires
  • Rotation accrue du personnel (turnover)
  • Augmentation des coûts de la formation et de recrutement
  • Atteinte à l’image de marque de l’entreprise
  • Augmentation des coûts directs et indirects

Dans certains cas, la responsabilité de l’employeur peut être engagée. Ainsi, en tant qu’employeur, il est primordial de se donner les moyens de prévenir de telles situations en implémentant un ensemble de mesures de prévention en collaboration avec des organisations spécialisées.

Quelques chiffres

La thématique des addictions en relation avec le lieu de travail n’a que peu été sondée par la recherche ces dernières années. Il est fréquent de voir des sources datant parfois de plusieurs décennies être fréquemment relayées. Par ailleurs, au sujet de la littérature sur le thème de l’alcool au travail en particulier, les études plus récentes reposent fréquemment sur les résultats de travaux plus anciens. Aussi, d’une étude à l’autre, la définition du problème et les méthodes varient, ce qui rend difficile l’obtention d’une vue d’ensemble. Toutefois, des données existent.

En 2010, une étude s’est spécifiquement concentrée sur les coûts liés à l’alcool sur le lieu de travail en Suisse. Voici les tendances et informations pertinentes à relever :

  • Personnes touchées : 2% des personnes employées auraient une consommation problématique d’alcool. Si un peu plus d’une entreprise sur trois emploie des personnes dont la consommation d’alcool est problématique, plus de la moitié des entreprises affirme ne pas en employer
  • Secteurs les plus touchés : Le secteur de l’hôtellerie est le plus affecté, avec plus de 5 % des personnes employées ayant une consommation problématique d’alcool. Le bâtiment et l’industrie des machines sont également plus exposés que la moyenne, tandis que l’administration publique enregistre les pourcentages les plus faibles.
  • Taille des entreprises : Les grandes entreprises (plus de 100 personnes employées) comptent 1,7 % de personnes ayant une consommation problématique d’alcool, soit environ 50 % de moins que les petites entreprises (10 à 20 personnes employées), où ce chiffre atteint 3,6 %.
  • Répartition régionale : La proportion de personnes employées ayant une consommation problématique d’alcool est la plus faible au Tessin (0,6 %) et la plus élevée en Suisse alémanique (2,4 %), suggérant des différences socioculturelles dans la perception de ce problème.
  • Absentéisme : Les personnes employées ayant une consommation problématique d’alcool manquent environ quatre heures de plus par mois, soit l’équivalent d’une semaine de travail sur l’année. Cela représente 0,15 % de l’absentéisme total dans les entreprises.
  • Perte de productivité : La perte de productivité liée à l’alcool est estimée à 15 %.
  • Accidents du travail : Environ 8 % des accidents du travail sont liés à l’alcool, avec des conséquences matérielles plus graves. Ces accidents sont plus fréquents dans le secteur secondaire.
  • Mesures de prévention : 14 % des entreprises mettent en place des mesures de prévention, particulièrement dans les secteurs les plus touchés. Ces mesures, qui incluent souvent l’interdiction de consommer de l’alcool et des restrictions d’accès à l’alcool sur le lieu de travail, génèrent un bilan coût-utilité positif pour la majorité des entreprises.
  • Coût global : La consommation problématique d’alcool sur le lieu de travail coûte chaque année près d’un milliard de francs à la Suisse, soit environ 0,2 % du PIB. Bien que ces coûts soient substantiels pour les entreprises, leur impact à l’échelle macroéconomique reste limité.
  • Répartition des coûts : Les pertes de productivité représentent 83 % des coûts liés à l’alcool, suivies par l’absentéisme (13 %) et les accidents du travail (4 %).

Même si les résultats de cette étude concernent l’alcool, l’incidence d’autres conduites addictives sur le lieu de travail reste une réalité qui ne devrait pas être ignorée. En effet, le coûts économique des addictions est en grande partie supporté par les entreprises.

En 2021, une seconde étude également menée en Suisse (en allemand). Voici les tendances et informations pertinentes à relever :

  • Coûts totaux : Chaque année, les coûts générés par les addictions s’élèvent à 7,9 milliards de francs, soit 927 francs par personne ou 1.1% du PIB
  • Coûts de la perte de productivité (coûts directs) : Ils représentent 3,2 milliards de francs, alors que le système de santé se place un petit peu au-dessus (3,8 milliards). L’alcool est impliqué dans 75% de l’ensemble de ces pertes de productivité.
  • Part supportée par les entreprises : Avec un montant de 3,1 milliards de francs, les entreprises supportent une grande partie des coûts des addictions. Les assurances sociales sont à peine au-dessus avec 3,2 milliards.

5 Bonnes raisons

La direction d’une entreprise, d’une administration publique ou d’une institution est responsable de la santé et de la sécurité des personnes qui y travaillent. Elle est garante de la santé économique de ses activités. C’est pourquoi, elle elle doit prendre des mesures pour prévenir ou gérer les problèmes impliquant des conduites addictives.

Voici au moins 5 bonnes raisons d’implanter une politique de prévention en matière d’addiction :